Chroniques dans la Presse



Étienne Greib à propos de "Hapless" dans
Magic rpm N°100 (Mai 2006)


Aux soirées dominicales Open Mic du Pop’In, il m’est arrivé d’être touché
par la sincérité et plus rarement encore par le talent de certains musiciens.
Dans le cas de Morgan Caris, alias Flowers From The Man Who Shot Your Cousin, c’était l’évidence même, dès la première note jouée. Hors des lieux, hors des temps et déjà cent coudées au-dessus du lot. On peut citer Leonard Cohen (Girls), John Cunningham (Happy Things), David Pajo, Bill Callahan et Nick Drake (partout en filigrane), on pourrait simplement parler d’artisanat. Morgan Caris est un artisan, une anomalie, un homme du XIXe siècle, En cela, Mouldings est la plus grande chanson du XIXe siècle. Ces airs surannés n’ont que faire de la médiocrité de l’époque, ils se suffisent à eux-mêmes dans leur dénuement extrême, leur austérité assumée. Et foutre ! Quelles paroles ! À la fois abouliques et tranchantes, à un point dépressives que vous n’oserez à peine vous y frotter. On en ferait un florilège simplifié qu’on ne ferait qu’effleurer l’excellence d’Hapless. Essayons quand même : “Why do you dress up like a whore/I do not love you anymore”, “When you're alone there is no one to keep you caged in/When you're alone there is no one to keep you warm”, “You say I gotta find my place/Well my place is inside of you”. Morgan Caris observe de loin, et fomente des histoires bouleversantes, des histoires de trahison, de renoncement, d’isolement. Sur Sweet Wife, il touche même au génie absolu en inventant une fable dont seule l’écoute pourra vous assurer de sa vraisemblance. Mais ni Bill Callahan, ni Will Oldham n’ayant eu le culot d’y penser, on peut assurer à Morgan Caris une suite aussi féconde, aussi âpre que des vies américaines endommagées, et aussi magnifiquement triste que la campagne anglaise à la lueur de phares
en bout de course.




Maxime Guitton à propos de "Hapless" dans
Chroniqu'Art (Avril 2006)


Si la pochette de Hapless ressemble au montage de plusieurs artworks
de Will Oldham (Black / Rich music, Joya, In my mind) et si le groupe navigue parfois (com)plaisamment entre Mojave 3 et Leonard Cohen (Girls), l'album parvient heureusement plus souvent à décoller pour se percher à des hauteurs où les mélodies arpégées touchent à une forme d'ascèse désarmante en même temps qu'à une simplicité abstraite : les notes s'y déversent par cascades d'accords d'un plateau à l'autre, fluides et rebondies, justes et immédiates. C'est alors que des morceaux comme I Do Not Love You Anymore ou Running Dry finissent par traduire l'idée de la folk song parfaite : fantasme d'un écosystème totalement autosuffisant qui contient en lui le monde dans toutes ses possibilités non déployées, on y cherche d'écoute en écoute tout ce que l'on veut y trouver, assuré qu'on le trouvera.




Johanna Seban à propos de "Hapless" dans
Les Inrockuptibles N°564 (20 Sept 2006)


Derrière ce nom pas possible (“Des fleurs de la part de l’homme qui a buté votre
cousin”) se cache un petit groupe français auteur de jolies chansons, réunies pour certaines sur Hapless, premier véritable album produit aux Waterhouse Studios, des studios parisiens dans lesquels ont déjà été conçus quelques projets aussi discrets que sympathiques (dont la jolie compilation Folks Pop In at the Waterhouse). Hapless
donc – qui signifie “malchanceux” – rassemble quatorze ballades qui veulent la nuit, somptueusement mélancoliques (Lay Down Your Arms), comme sur certains disques de Smog ou de Clem Snide. On y entend beaucoup de violons. On ne va pas mentir et dire que ça ressemble à un disque de Nick Drake ou de Leonard Cohen. On dira simplement
la vérité : Hapless ressemble à un disque d’un amoureux, doué, de Nick Drake
et Leonard Cohen. C’est déjà beaucoup.




Pierre Andrieu à propos de "Hapless" dans
Foutraque.com (Avril 2006)


Après la précieuse compilation Folks Pop in at the Waterhouse - parue il y a
peu sur le nouveau label folk Waterhouse Records -, la petite structure enregistrant ses artistes dans son propre studio analogique propose déjà une deuxième référence… Il s’agit du premier disque réussi d’un projet affublé d’un nom improbable : Flowers From The Man Who Shot Your Cousin. On pense immédiatement à la fabuleuse chanson des hurluberlus de Ween, Buenas tardes amigo ; une apocalyptique country/folk song western qui raconte l’histoire d’un règlement de compte sordide entre deux frères, le survivant accusant un innocent d’avoir tué son frère alors que c’est lui-même qui, à cause de sa jalousie persistante, a envoyé son frangin six pieds sous terre... Si le nom du groupe (Morgan Caris et ses nombreux amis) fait penser à cette composition de Ween, la voix, les arrangements, la qualité des morceaux renvoient immédiatement aux compositions de l’indétrônable Leonard Cohen. Les meilleurs albums de Nick Drake et de Simon and Garfunkel reviennent également en mémoire… Et bien sûr, le génial Will Oldham n’est pas très loin, lui non plus. Guitare très sèche, voix poignante, violoncelle à tirer des larmes, mélodies à chanter autour du feu, les inconditionnels de So long Marianne, Suzanne, River Man ou The Sound of Silence devraient se retrouver dans ce disque d’une extrême sobriété, habité par une inspiration impressionnante et une qualité d’écriture sans faille. Même si le printemps arrive enfin ces jours-ci, Hapless donnerait presque envie de replonger pour six mois d’hiver, blotti près de l’âtre, une guitare pas loin, seul ou avec quelques « amis » folksingers comme Neil Young ou Bob Dylan.





pour lire les autres chroniques, voir les liens.

Photos de Presse (haute def) photos Laurent Orseau

Couve de Hapless (haute def)

Feuille de Presse (pdf)